La scène est vivante et vibrante, inhabituelle pour un samedi matin, dans l’école primaire publique Madou Sahoua, située dans la commune de Mayo, dans la région de la Nawa à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Les voix et les chants résonnent dans la cour, où des motocyclettes sont garées en nombre. La salle de classe, remplie d’élèves de CM2 en semaine, déborde d’enseignants venus de différentes écoles primaires aux alentours pour se former au nouveau Programme National d’Appui aux Premiers Apprentissages Scolaires (PNAPAS).
Confrontée à la crise persistante de l’apprentissage, la Côte d’Ivoire a pris l’initiative de lancer ce programme, avec plus de 7’000 enseignants des écoles primaires publiques impliqués dans cette première phase de formations. Elle est accompagnée par ses partenaires, notamment des fondations philanthropiques et des entreprises de l’industrie du cacao et du chocolat dans le cadre du mécanisme de financement CLEF.
Le PNAPAS, soutenu par CLEF, vise à introduire des méthodes pédagogiques éprouvées pour améliorer les compétences en lecture et en mathématiques des élèves.
Ce programme répond à une réalité troublante : dans les pays à revenu faible et intermédiaire, sept enfants sur dix âgés de dix ans ont du mal à lire et à comprendre un texte simple. En Afrique subsaharienne, cette statistique alarmante concerne même neuf enfants sur dix. La Côte d’Ivoire, consciente des risques de décrochage scolaire et de travail des enfants liés à cette situation, s’engage résolument à y remédier.
Au cœur de cette réforme éducative, les enseignants se familiarisent avec des approches qui placent l’élève au centre du processus d’apprentissage. Sous la direction de M. Aly Ouattara, conseiller pédagogique et formateur, les enseignants mettent en pratique les notions apprises. M. Ouattara est enthousiaste : « En tant que conseiller pédagogique et formateur, je suis ravi de guider mes collègues enseignants dans ce processus de changement. Avec le PNAPAS, nous nous engageons dans deux volets essentiels : d’abord, la pédagogie structurée pour l’instauration des compétences de base en lecture et en mathématiques au cours des trois premières années du primaire, puis la mise en place de stratégies de remédiation pour accompagner les enfants en difficulté tout au long de leur parcours scolaire. »
Les enseignants de Liliyo et des villages environnants, toujours dans la région de la Nawa, se réunissent au foyer des jeunes pour se familiariser avec les nouvelles pratiques pédagogiques. Assis sur des nattes et des pagnes posés à même le sol, les enseignants simulent les stratégies de remédiation qui impliquent un esprit ludique et l’apprentissage par le jeu. Mme Ange Raphaëlle Bangoua, l’une des apprenantes, souligne la pertinence des nouvelles pratiques puisque, selon elle, « les techniques de remédiation permettent de cibler l’enseignement en fonction des besoins individuels de l’élève ».
À Soubré, l’Inspecteur Général de l’Éducation Nationale Faustin Koffi supervise de près la mise en œuvre du PNAPAS. « Nous avons développé ce programme innovant, explique M. Koffi, en adaptant à notre contexte des approches éprouvées qui ont permis d’améliorer l’apprentissage ailleurs, notamment la pédagogie structurée au Kenya, au Liberia et en Afrique du Sud, et les stratégies de remédiation de Teaching at the Right Level en Inde et en Zambie. Conscient des défis, il souligne l’importance d’un suivi rigoureux pour garantir que les nouvelles pratiques sont appliquées efficacement dans les salles de classe. Dans cet esprit, des « communautés de pratique » seront mises en place pour favoriser les échanges d’expérience et le partage des bonnes pratiques entre enseignants.
Avant la prochaine rentrée scolaire en septembre, plus de 10’000 enseignants additionnels seront formés avec le soutien de CLEF dans les régions du Haut-Sassandra et du Guémon, tandis que la formation s’étendra à d’autres régions du pays avec l’appui de la Banque Mondiale.
CLEF s’engage à:
- Scolariser plus d’enfants
- S’assurer que les enfants apprennent à l’école
- Générer un impact à grande échelle ; nous souhaitons améliorer la vie de plus de 4 millions d’enfants d’ici à 2027.
CLEF finance des infrastructures scolaires et des structures d’accueil pour les enfants, la formation des enseignants à des techniques pédagogiques fondées sur des données probantes, la promotion d’un changement de comportement afin que les parents s’engagent davantage dans l’éducation de leurs enfants, la formation des parents aux bonnes pratiques parentales favorisant le développement des enfants en bas âge, ainsi que l’expérimentation d’un programme de nutrition scolaire de pointe.
CLEF accueille est ouvert à accueillir de nouveaux partenaires : si vous souhaitez intégrer cette initiative, n’hésitez pas à nous contacter.